5 - Étude notariale

5 – Ancienne étude notariale

Maitre Jean-Baptiste Patrice Malot, père du romancier, est nommé notaire le 30 décembre 1806, par décret signé de Napoléon. Il officie dans cette étude jusqu’en 1832, date à laquelle son gendre, Maitre Beauvet, prend la relève.
Dans le passage qui suit, Hector Malot décrit l’étude notariale de La Bouille, qu’il a bien connue. Pour la rédaction de son roman Souvenirs d’un blessé, il se base sur des faits véridiques, que lui a racontés Me Drapeau, successeur de son père à l’étude notariale de La Bouille : 
le héros, un soldat égaré qui cherche à regagner ses troupes pendant la guerre de 1870, frappe à la porte de l’étude pour y trouver de l’aide.
« J’allai chez le maire. En route, j’avais entendu un bout de conversation entre deux paysans qui m’avait appris que ce maire, au lieu de garder ses fusils pour les offrir aux Prussiens, comme tant d’autres, les avait cachés dans une carrière. Et cela m’avait donné confiance. Si ce maire, me disais-je, a le courage de s’exposer à se faire fusiller par nos ennemis pour ne pas livrer ses armes, il accueillera un soldat quiveut regagner l’armée. Au moment où je poussais une porte au-dessus de laquelle brillaient dans la nuit des panonceaux de notaire, deux officiers prussiens, un major et un adjudant m’arrivaient sur les talons. Naturellement je les laissais passer devant moi, et me mis dans un coin ; ce que j’avais à dire n’avait pas besoin de témoin.
- Bureau ? dit le major en entrant.
- Notaire, répondit le maire.
- Très bien.
Le major porta sa main à son casque et fit le salut militaire devant les minutes qui garnissaient les tablettes posées contre les murailles de l’étude. A deux pas derrière lui l’adjudant répéta ce salut.
- Monsieur le maire, continua le major, on m’avait annoncé, en m’envoyant ici, un gros bourg avec de bonnes maisons, mais je vois que votre pays ne produit que des pierres* ; je vais envoyer chercher des vivres ailleurs. Je vous aiderai à faire vivre les gens du pays.
Et, tournant roide sur ses talons, il salua de nouveau les minutes et sortit.
- Vous coucherez chez moi, me dit le maire lorsque je lui eus exposé ma demande, et comme demain matin un jeune homme d’ici désire aller à Bourgtheroulde, vous pourrez partir avec lui ; il vous conduira à travers la forêt » - Souvenirs d’un blessé
– Miss Clifton, 1872
*les carrières de Caumont à 4 kms.